Les héros du grand chelem |
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"Le magicien" 1901-1987 |
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Images cadeau pour collectionneurs, représentant Henri Cochet
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"Cochet, un maître dans son art" |
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On
peut affirmer que Henri Cochet est né et a grandi dans le tennis.
Son père était en effet le directeur du tennis Club de Lyon.
Passionné dès son plus jeune âge, le petit Henri observe
les grands, ne rate pas un match important et s’entraîne aux heures
creuses avec sa soeur.
Il a dix-huit ans quand, la paix revenue, il s’entraîne régulièrement avec son employeur et patron, un soyeux lyonnais, président du Club de Lyon. Ses progrès sont rapides, il est champion de la région lyonnaise en 1920. En 1921, il effectue sa première année de service militaire (26 mois à l'époque !). Il a toutes les facilités pour s'entraîner et participer aux grandes épreuves françaises. Il rencontre et bat pour la première fois Jean Borotra en finale du critérium sur court couvert, puis en été, il récidive contre le même Borotra dans le critérium sur terre battue. Il finit l'année N°5 français. 1922 est l’année de sa révélation au niveau international : champion de France, triple champion du monde sur terre battue à Bruxelles, avec Borotra en double et Suzanne Lenglen en mixte, première sélection en coupe Davis contre la Belgique et premier voyage en Amérique avec l’équipe de France pour une rencontre malheureuse contre les Australiens. 1922, c'est aussi l’année de son premier Wimbledon auquel il participe avec Borotra et Brugnon. Il est quart de finaliste, battu par l'Australien Anderson. Mais ce premier voyage en Angleterre lui laissera longtemps un souvenir pénible à cause du temps : il plut 17 jours de suite cette année là à Wimbledon et on ne jouait qu'entre deux averses. Un record ! Il finit l'année brillamment, classé N°1 français. |
A Paris, aux jeux Olympiques, 1924 |
Championnats de France, 1922 |
Il
revient à la vie civile en 1923.Les trois années suivantes,
il marque le pas, obligé de se préoccuper de sa situation
professionnelle. Il ne gagne aucun titre majeur durant cette période.
En association avec sa soeur, il ouvre à Lyon un magasin d’articles
de sport. Les longues heures passées derrière le comptoir
et les soucis du développement commercial du magasin ne lui permettent
plus de s’entraîner suffisamment. Il participe cependant régulièrement
aux phases éliminatoires de la coupe Davis, mais ne peut accompagner
ses camarades pour les finales
interzones en Amérique. Il renonce également à
toute participation à Wimbledon. C'est cette année là
qu'il joue pour la première fois en double avec Toto Brugnon, dans
une rencontre de coupe Davis contre les Anglais. Une équipe appelée
à un grand avenir...
Il est quand même sélectionné dans l'équipe de France Olympique en 1924 pour les jeux de Paris. Il s'entraîne alors avec le grand professeur de tennis de l'époque, Darsonval. Bien préparé, il est double médaille d'argent, finaliste du tournoi Olympique en simple, et en double avec Brugnon.
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Poignée de main à Wimbledon, 1927. Tilden vient de se faire remonter. Il semble incrédule. |
Il
est malade pendant l'hiver 1925 et ne parvient pas à s'entraîner
correctement. Battu en quart de finale des premiers internationaux de France
par le Belge Jean Washer, il est finaliste du double messieurs avec Brugnon
et du double mixte avec Didi Vlasto. Mais ses efforts s'arrêtent
là : pas de participation à Wimbledon, ni de voyage en Amérique
pour les finales interzones de la coupe Davis.
1926 marque le grand retour d’Henri Cochet. Vainqueur des internationaux de France aux dépens de Lacoste, il a la satisfaction de battre Tilden pour la première fois aux championnats d’Amérique. Il est alors classé N°1 mondial, avec Lacoste et Borotra et il le restera jusqu'en 1930. 1927 est une année en dents de scie. Sévèrement battu par Tilden à Paris trois sets à zéro, il prend sa revanche un mois plus tard à Wimbledon au cours d’un match pour le moins épique: mené deux sets à zéro et 5/1 30/0 par un Tilden déchaîné, Henri Cochet fait tout à coup 17 points de suite et enlève le match au nez et à la barbe de Big Bill démoralisé ! Défaillance du grand champion américain ou soudaine inspiration d’un joueur au toucher de balle magique? Nul ne le sait, mais Henri Cochet, en sauvant huit balles de match en finale contre Borotra, a gagné cette année-là un Wimbledon de légende.
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Mais
c'est la
victoire
en coupe Davis en septembre de cette même année qui est
le summum de la saison pour Henri Cochet et ses camarades Mousquetaires.
Battu par Tilden le premier jour au cours d'un match qui resta longtemps
indécis, il gagne le point décisif contre Johnston,
réussissant à garder son sang froid et sa concentration devant
un public déchaîné et tout acquis à la cause
de son adversaire...
C'est surtout sa dernière défaite contre le grand champion américain. Et sa dernière défaite en coupe Davis avant longtemps. A partir de 1928, Henri Cochet devient surtout le grand homme de la coupe Davis, gagnant tous ses matchs dans son stade fétiche de Roland-Garros jusqu’en 1932, battant au passage sévèrement trois années de suite le grand Tilden en quête de revanche. Il accumule les victoires, en simple comme en double avec son partenaire Toto Brugnon. Son seul rival est alors son camarade René Lacoste avec qui il se partage tous les grands titres. En 1928, il fait les trois
grandes finales à Paris (vainqueur de Lacoste), Wimbledon (battu
par le même
Lacoste)
et Forest Hills (vainqueur de Hunter).
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Cochet et De Stefani Finale Européenne contre l'Italie 1927 |
rencontre de coupe Davis qui verra enfin la victoire de l'équipe de France. |
A Wimbledon avec Brugnon, contre Tilden et un certain Timmer, probablement un de ses élèves. 1929. |
En finale de Wimbledon contre Borotra 1929 |
En
1929, il gagne Wimbledon avec un étonnante facilité, battant
Tilden
puis Borotra trois sets à zéro. Un mois plus tard en coupe
Davis, il confirme définitivement sa place de N° 1 mondial en
infligeant à Tilden la plus sévère défaite
de toute sa carrière: 6/3 6/2 6/1. Score tellement inimaginable
qu'une agence de presse américaine se fit renvoyer le télégramme,
croyant à une erreur de transmission!
1930 confirme la suprématie de Cochet sur le tennis mondial. Après la retraite de Lacoste, Tilden, à trente-sept ans, reste son seul rival. Cochet le bat encore deux fois nettement en finale de Roland-Garros puis en coupe Davis. Ce sera la dernière rencontre officielle entre les deux grands champions et, d'une certaine façon, la fin d'une époque. Avec Brugnon, Cochet forme alors une des meilleures équipes du monde, remportant Wimbledon en 1926 et 28 et les internationaux de France en 27, 30 et 32. C'est en 1930 qu'ils réussissent leur meilleur match en coupe Davis, en dominant en 5 sets la paire Allison-Van Ryn pourtant récents vainqueurs de Wimbledon. |
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Finale de Forest Hills, 1932. |
1931
est sa première année difficile, une année "sans",
comme cela arrive quelquefois. Malade, il ne peut défendre son titre
à Roland-Garros, laissant ainsi Borotra défendre victorieusement
l'honneur de l'équipe de France. Mais Wimbledon est une catastrophe
: super favori et classé tête de série N°1, Cochet
est inexplicablement battu au premier tour par un anglais inconnu du nom
de Sharpe et dont on n'entendra plus jamais parler. Triste satisfaction,
à la suite d'un pari, Cochet remporte l'épreuve de consolation,
réservée aux battus du premier tour! C'est probablement la
première et la dernière fois qu'un N°1 mondial remporte
cette épreuve secondaire!
Même déconvenue en double avec Brugnon, où les deux français s'inclinent en finale face aux américains Lott et van Ryn, d'excellents spécialistes par ailleurs et récents vainqueurs de Roland-Garros. Cochet sauve quand même la coupe Davis face aux anglais en finale, en remportant ses deux simples. Mais, la retraite annoncée de Borotra et les premières défaites d'une carrière jusque là sans faille, annoncent des lendemains difficiles pour la défense de la coupe. Combien de temps Cochet seul pourra-t-il défendre le trophée? |
1932 confirme
cette impression de fin de règne. Si Cochet remporte sans trop de
difficultés Roland-Garros, c'est en l'absence de la nouvelle terreur
du tennis mondial, le jeune Américain Ellsworth Vines qui un mois
plus tard, débarque en Europe et frappe la balle avec une rare violence,
gagnant Wimbledon d'une façon pour le moins expéditive.
Face à cette tornade, les français semblent soudain bien désarmés pour espérer conserver la coupe Davis. Mais à la surprise générale, c'est l'ancien, Borotra, qui sauve le match en remportant ses deux simples, mystifiant Vines le premier jour par des montées au filet pour le moins audacieuses. Cochet, dans le dernier match, confirme son déclin en perdant pour la première fois un match de coupe Davis à Roland-Garros. Contre Vines, qui cette fois, ne s'est pas laissé surprendre, Cochet mène deux sets à zéro, puis se laisse remonter, incapable de tenir la distance. Certes, le match n'était pas décisif pour l'issue de la rencontre, mais quand même. Le magicien n'est plus ce qu'il était. Un mois plus tard, une ultime rencontre contre ce même Vines en finale de Forest Hills perdue 6/4 6/4 6/4 accentue cette impression: Cochet, fatigué par dix ans de campagne, est prêt à passer la main. Après toutes ces déconvenues, 1933 est l'année de la retraite annoncée. Battu sévèrement 3 sets à zéro en finale de Roland-Garros par l'australien Crawford, battu de nouveau par l'anglais Perry en coupe Davis, Cochet se décide à accepter l'offre de son vieux rival Tilden et signe un contrat professionnel. |
Henri Coccchet professeur Vers 1935 |
de formation pour les scolaires à Roland Garros |
Henri
Cochet a écrit deux livres sur le tennis :
1932 : "Tennis. Sa technique et sa psychologie" curieusement traduit en anglais par "The art of tennis", avec ce commentaire "Plus utile au débutant que toute une saison à jouer" ! Au début du livre, la photo du match de coupe Davis contre Austin en 1933, et première apparition de Cochet en short! |
1960 : "Histoire du Tennis" en collaboration avec Pierre Albaran, ancien joueur de tennis et plus connu dans le monde du bridge pour ses théories et ses nombreux ouvrages spécialisés. |
Pour parler du style d'Henri Cochet, le mieux est d'écouter Tilden lui-même : "Henri Cochet, le génie du tennis français, a révolutionné le jeu en rejetant les anciennes théories et en inventant un style nouveau. Son attaque de la balle au sommet du rebond, la parfaite coordination de son mouvement lui permettent d'obtenir le maximum d'efficacité avec le minimum d'efforts. Je ne connais pas de joueurs ayant comme lui le sens de l'anticipation et de l'endroit exact où l'on doit placer une balle de tennis. Sa facilité est telle qu'elle donne une impression de paresse. Mais je sais par expérience qu'aucun joueur n'est plus lutteur, plus acharné à la victoire, tout en restant d'une loyauté et d'une correction exemplaire." |
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A Wimbledon, 1928 |
L'opinion de Lacoste est tout aussi élogieuse : " Contre Cochet, je n'avais pas l'ombre d'une chance de le battre lorque je renvoyais simplement la balle du fond du court, ce qui était mon jeu naturel. L'unique façon pour moi, comme d'ailleurs pour tous les autres joueurs, de battre Henri était de frapper de toutes mes forces sur chaque balle et de l'attaquer violemment avant qu'il n'ait eu le temps de le faire lui-même. Mais cela comportait des risques énormes et ne pouvait évidemment réussir à chaque fois. Quant à jouer mou ou lentement contre Cochet, c'était courir au suicide, car si on lui laissait retrouver sa touche de balle, les jeux s'accumulaient à son profit et on avait une impression d'impuissance, de fatalité, que l'on ne ressentait contre aucun autre joueur". |
Que dire de plus ? Si Cochet possédait sans aucun doute un jeu complet, avec un bon service toujours bien placé qui rebondissait peu, un revers de défense souvent coupé mais toujours gênant et très bien placé, c'est avec son coup droit, sa demi-volée et son smash qu'il impressionna ses contemporains. Ses excellents réflexes lui permettaient de prendre la balle en haut du rebond, voire même avant, tout en continuant d'avancer. Il pouvait ainsi, presque à coup sûr, prendre ses adversaires de vitesse avec des trajectoires toujours étonnantes. |
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Dernière mise à jour : 6
juin 2005
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