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(5) 1907-1914
Première domination australienne:
Norman Brookes et 
Anthony Wilding

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Domination Australienne ? Non. Mais d'"Australasie", plutôt. Car assez curieusement, la grande équipe australienne d'avant la guerre de 14 représentait en fait l'association des deux lointaines colonies britanniques, la Nouvelle-Zélande et l'Australie.

Norman Brookes l'Australien de Melbourne avait débuté tardivement à l'âge de 20 ans dans un pays où le tennis n'existait quasiment pas. Très doué, inventant tous ses coups, il développa une intelligence de jeu remarquable pour l'époque.

Anthony Wilding était néo-zélandais. Étudiant à Cambridge, il séjournait en Europe, et ses voyages dans la lointaine "Australasie" se résumaient à de courts séjours annuels. Il disputa son premier Wimbledon en 1904.
 

 
Norman Brookes, sa légendaire casquette
et sa curieuse prise de revers.

Anthony Wilding
  Réunis pour la première fois en 1905 dans l'équipe de Coupe Davis de leurs pays, les deux joueurs des antipodes ne sont pas encore au top et se font battre par les américains. Cette année là, Norman Brookes est déjà très fort et il est le premier étranger à disputer la finale du simple à Wimbledon. Mais les Doherty sont encore là et Little Do l'emporte facilement en trois sets 8/6 6/2 6/4.

L'équipe Brookes-Wilding se reforme en 1907. L'anglais Laurie Doherty a pris sa retraite et cette fois, rien n'arrête les "australasiens". Ils emportent la coupe Davis dans leur lointain pays, faisant au passage main basse sur Wimbledon : Brookes remporte le simple, Brookes et Wilding le double messieurs.

Brookes rentre ainsi avec la coupe Davis à Melbourne, où il va la défendre 5 années de suite. D'abord avec Wilding, puis avec ses compatriotes Heath et Dunlop jusqu'à la surprenante défaite de 1912 contre les anglais. Très occupé par ses affaires, il ne reviendra en Europe qu'en 1914.


Wilding de dos, contre l'américain McMoughlin 
en 1913, première finale de Wimbledon 
sans un anglais. Wilding gagne 8/6 6/3 10/8
  Pendant ce temps, Wilding s'impose en Europe comme le meilleur joueur de son époque. Il sillonne le vieux continent avec sa moto et gagne tournoi sur tournoi. Il gagne Wimbledon de 1910 à 1913 et remporte les championnats du monde sur terre battue à Saint-Cloud en 1913 et 1914. ll est invité dans toutes les familles royales d'Europe (c'est la coqueluche de ces dames) et  se permet, au passage, de remporter le double à handicap de Monte-Carlo avec un ministre anglais qui n'est autre que Lord Balfour!

Après un dernier séjour en Australie en 1909 pendant lequel il gagne le championnat national, il reste définitivement en Europe (chaque aller retour coûtait deux mois d'inaction sur un bateau...). Mais en l'absence de Brookes, il ne fait pas partie de l'équipe australienne pour la coupe Davis remise en jeu par les anglais en 1913.

En 1914, Anthony Wilding est à son apogée quand Norman Brookes se décide enfin à faire le voyage en Europe. Il arrive en Angleterre pour déclarer: "Il paraît que Wilding est imbattable, je suis venu le vérifier moi-même!"

A Wimbledon, tout se passe bien jusqu'en finale contre l'allemand Froitzheim (Il y avait encore le challenge round et le tenant du titre ne disputait qu'un match contre le vainqueur du tournoi). Mais là, au cinquième set, Brookes a deux balles de match contre lui. Et sans l'erreur manifeste d'un juge de ligne sur la deuxième, il n'aurait probablement pas pu affronter son partenaire et ami Wilding pour le titre.  Mais après ce petit coup de pouce du destin, Brookes retrouve son tennis de "sorcier" (c'était son surnom!) et l'emporte sur la fin assez facilement. Dans le challenge round, il bat Wilding trois sets à zéro 6/4 6/4 7/5. Les deux compères en profitent pour gagner également le double messieurs.

 



Wilding et Lord Balfour
Brookes et Wilding partent dans la foulée à la conquête de la coupe Davis, comme en 1907. Ils s'embarquent pour l'Amérique en juillet 1914, en compagnie de la seule équipe allemande emmenée par Froitzheim. C'est sans trop de problèmes que les "Australasiens" remportent les deux rencontres (voir "La naissance de la coupe Davis").

Otto Froitzheim, image cadeau d'un 
paquet de cigarettes, 1925
La victoire "australasienne" a lieu alors que la guerre en Europe est déjà déclarée depuis deux semaines. Chacun repartira alors vers son destin : la coupe Davis est enfermée dans un coffre à New-York, Brookes rentre chez lui en Australie, Wilding s'engage dans l'armée Britannique et trouvera la mort dans les tranchées quelque part en France... Quant à l'Allemand Froitzheim, son bateau sera arraisonné au retour par la marine britannique et il restera quatre ans prisonnier des anglais!

On ne reverra plus en coupe Davis d'équipe Australienne aussi forte, avant 1950...


Au West Side Tennis Club de Forest Hills, à New York, le 14 Août 1914
Le double entre Américains (à gauche) et Australiens.
A l'issue du match, l'Australie mène 2/1.

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Dernière mise à jour : 12 Mai 2000
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Mars 2000.