Les héros du grand chelem
John Edward Patty
(USA,  né en 1924)

dit "Budge Patty"
ou 
Un américain à Paris...


Tous les passionnés de tennis français des années 50 - et il en reste heureusement quelques uns... - se souviennent encore de cet américain si profondément francophile. Le jeune soldat de l'US Army qui découvre à 20 ans tout à la fois l'Europe, la France et Paris libéré se prend d'une passion pour la ville Lumière où il choisira de s'installer une fois le conflit terminé. Son surnom de "Budge", lui a été donné par son frère alors qu'il débutait le tennis. Le petit John était si lymphatique sur le court que son frère lui criait tout le temps "Budge! Budge", ce qui veut dire "Bouge toi, bouge toi!" C'était l'époque d'un autre Budge, Donald Budge, celui du premier grand chelem. Et si John Edwards Patty s'est finalement fait appeler toute sa vie "Budge Patty", c'est probablement qu'il apréciait cette référence à son illustre prédécesseur... 
La guerre ne lui laisse pas le temps de se faire connaître dans le monde du tennis malgré son talent prometteur. En 1945, c'est un joueur totalement inconnu, même dans son propre pays qui fait un premier match de tennis amical à Paris en 1945 contre un autre militaire et futur diplomate, Bernard Destremeau. La paix revenue, il va vite se faire remarquer en remportant le mixte du premier Roland-Garros d'après guerre avec sa compatriote Pauline Betz. Il a 22 ans.
  Ses progrès sont rapides, et il devient aussi bien à l'aise sur herbe que sur terre battue: demi-finaliste de Wimbledon en 1947, et de Roland-Garros en 1948, il joue sa première finale en grand-chelem à Paris l'année suivante après avoir battu Pancho Gonzales.
Dès cette époque, il commence avec un étonnante régularité ses interminables duels en 5 sets avec son grand rival, le tchèque Drobny: Victoire à Wimbledon en 47 (Quart de finale 3-6 6-4 7-9 6-2 6-3), défaite à Paris en 1948 (Demi-finale 2-6 6-3 4-6 6-4 6-3), et encore à Wimbledon en 49 (1/16eme de finale 6-4 6-8 7-9 6-0 6-2)...
1950 est sa grande année. Il fait le doublé Roland-Garros (victoire sur Drobny 7/5 au cinquième set) et Wimbledon (Victoire sur Sedgman en 4 sets).  Mais dès l'année suivante, il accumule les contre-performances et il n'atteindra plus jamais une finale de grand chelem, diminué semble-t-il par une blessure à la cheville.  Il n'en continue pas moins ses mémorables duels avec Drobny. Leur match le plus célèbre eut lieu à Wimbledon en 1953 en 1/16eme de finale. Malgré 6 balles de matchs au quatrième set, Patty s'inclina en 4 heures 20 minutes sur le score de 8-6 16-18-3-6 8-6 12-10! L'année suivante, il est encore demi finaliste à Paris, battu par Trabert, et à Wimbledon battu pour une fois en 4 sets par Drobny. Il continue à jouer jusqu'à la fin des années 50 avec des fortunes diverses mais sans grands résultats. En 1958 à Roland-Garros, il connut la désagréable mésaventure de perdre contre Robert Haillet après avoir mené 5/0 et 40/0 dans le 5eme set!

Patty était également un excellent joueur de double mais il n'eut pas de bons résultats jusqu'en 1957. Cette année là, à 33 ans, il s'associe avec Gar Mulloy, un ancien bon spécialiste de 43 ans! Les deux "vieux" créent la surprise en remportant Wimbledon, battant en 4 sets les favoris Hoad-Fraser. Deux mois plus tard à Forest Hills, ils ratent de peu le doublé, battus en finale par Cooper-Fraser


Cette photo de Patty dans une position 
étonnante pendant le marathon contre 
Drobny en 1953, nous rappelle que le 
règlement de l'époque interdisait aux 
joueurs de s'arrêter aux changement
de côté, et donc de s'asseoir...
Américain résidant à Paris, Patty n'eut jamais la carrière de coupe Davis que son talent aurait mérité. Les dirigeants américains l'ont toujours placé au delà de la dixième place dans leurs classements annuels, ignorant cet expatrié qu'il aurait été si difficile d'intégrer dans leur équipe de coupe Davis. En 1950, l'année de ses plus grandes victoires, il est classé N°1 mondial, mais il finit l'année N°10 du classement américain! Pour le challenge round de la coupe Davis, les sélectionneurs américains misent tout sur les anciens Schroeder et Brown. La déroute subie devant l'Australie vaudra à Patty une unique sélection de consolation l'année suivante. Ce sera également l'occasion d'une de ses rares participations à Forest Hills où il fut quart de finaliste, battu 7-5 au cinquième set par le champion de Wimbledon Dick Savitt.
 
A droite, les têtes de série de Wimbledon en 1951. Curieusement, il y a 10 têtes de série! 
Budge Patty, tenant du titre est N°4 . On reconnait:
Ligne 1: Larsen(3), Sedgman(1), McGregor (2) 
Ligne 2 : Patty (4), Sturgess(8)
Ligne 3 : Flam(5), Mulloy(9)
Ligne4 : Savitt(6), Drobny(7), Bergelin(10)
  Patty était un joueur très élégant, sur le court comme à la ville et il apréciait tout particulièrement la vie parisienne et l'art de vivre des français. Pull en cachemire sur le court, costume toujours bien coupé,il habitait un appartement avec vue sur la Seine à 5 minutes de Roland-Garros où il se sentait chez lui. Il était de toutes les grandes fêtes parisiennes et appréciait surtout les grands couturiers. On raconte qu'un jour,il s'était fait tailler des shorts chez Christian Dior, mais le tissu, trop délicat avait retréci au premier lavage! 

Sur le court, c'était un superbe attaquant, surtout redouté pour sa volée extrêment efficace, toujours très sûre et qu'il savait varier d'un coup de patte au dernier moment pour surprendre l'adversaire. Son service était aussi redoutable, avec une très puissante première balle. Mais il savait aussi réussir des aces sur sa seconde balle, très travaillée avec des angles incroyables... Au fond du court, il semblait moins agressif, mais ce n'était qu'une apparence. Il avait un excellent sens de l'anticipation, et il était toujours bien placé sans se fatiguer. Il ne cherchait pas à frapper, mais à placer sa balle pour monter au filet à la première occasion, comptant sur la qualité de ses volées à mi-court pour finir le point au coup suivant.

Voici son palmarès en grand chelem : 2 simples messieurs, 1 double messieurs et 1 double mixte.

Budge Patty à Wimbledon à l'occasion des 
cérémonies du millénium, juillet 2000.

 
Roland-Garros Simple Messieurs 1950
  Double Mixte 1946   Pauline Betz (USA)
Wimbledon Simple Messieurs 1950
Double Messieurs 1957   Gar Mulloy (USA)
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Dernière mise à jour : 24 Mai 2000
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Mars 2000.