L'anglais Tony Mottram et Drobny,
au cours d'une rencontre de
coupe Davis en 1949.
Les héros du grand chelem
Jaroslav Drobny
(Tchèque, apatride, égyptien, puis anglais...)
(1921-2000)
"L'homme aux lunettes noires"

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JAROSLAV DROBNY, tchèque, avant-centre de l'équipe nationale de hockey sur glace championne du monde en 1947 et médaillée d'argent aux jeux olympiques de 1948.
La biographie sportive de cet athlète exceptionnel aurait pu se limiter à cette simple phrase, et sa carrière au hockey sur glace aurait suffit à le classer parmi les plus grands sportifs tchèques. Mais Jaroslav Drobny n'est pas un champion comme les autres. Dans les 10 années qui suivirent la fin de la deuxième guerre mondiale, Drobny fut incontestablement le meilleur joueur de tennis européen, remportant trois titres du grand chelem et emmenant deux fois à lui tout seul l'équipe tchèque en finale interzone de la coupe Davis! Et si sa carrière en hockey sur glace est si courte, c'est qu'il choisit de quitter définitivement la Tchécoslovaquie en 1949 à la suite du coup d'état communiste. Il put obtenir un passeport égyptien grâce à l'amitié du roi Farouk, avant de devenir citoyen britannique par son mariage en 1954.
 
Drobny, debout à l'extrême gauche et l'équipe championne du monde amateur 
  Comme Henri Cochet, le jeune Jaroslav s'intéresse très jeune au tennis grâce au métier de son père, gardien du tennis-club de Prague. Ce puissant gaucher, devient très vite un des meilleurs juniors de son pays. Il est l'élève de Karol Kozeluh, le premier grand champion de tennis tchèque, quart de finaliste à Wimbledon en 1927 et adversaire de Tilden pendant les premières tournées professionnelles des années 30. C'est à l'âge de 16 ans que Drobny participe à son premier Wimbledon en 1938. Mais les évènements politiques européens vont vite le concerner avec l'annexion de la Tchécoslovaquie par l'Allemagne Hitlérienne. L'année suivante c'est bien malgré lui avec la nationalité allemande qu'il passe deux tours à Wimbledon avant de perdre contre le vétéran anglais Austin. C'est son dernier grand tournoi avant longtemps ...
"Notre principal souci était de rester en vie, avec la flamme de la liberté des Alliés qui entretenait l'espoir" dira-t-il plus tard. Dans une tchécoslovaquie annexée et une Europe en guerre, il réussit à éviter la déportation en Allemagne comme travailleur "volontaire" et put ainsi entretenir sa condition physique en jouant au hockey sur glace.
La paix revenu, il se remet sérieusement au tennis après 7 ans d'interruption, et c'est sans grandes ambitions qu'il s'inscrit au premier Wimbledon d'après guerre. Malgré son manque de compétition, il est la révélation du tournoi grâce surtout à sa condition physique parfaite entretenue par la pratique régulière du hockey sur glace. En huitième de finale, il vient à bout du favori, Jack Kramer, après une terrible bataille de 5 sets. Son service de plomb et ses smashs imparables réussirent à user l'américain qui ne put se remettre du deuxième set perdu 17/15! Les conséquences d'un tel marathon se firent sentir dans la demi-finale qu'il perdit en trois sets contre l'australien Geoff Brown...
 
 
 

 

Au cours des années suivantes, Drobny s'impose comme l'incontestable meilleur joueur européen. Son set marathon contre Kramer n'était qu'un hors d'œuvre et il devint le spécialiste des matchs interminables qui le menaient souvent aux stades ultimes des grands tournois. Mais la fatigue accumulée dans les tours précédents, ajoutée à une certaine fébrilité dans les moments importants, le privèrent longtemps d'une victoire importante... Trois fois finaliste à Roland-Garros (46, 48 et 50), deux fois finaliste à Wimbledon (49,52), il était déjà presque trentenaire quand il réussit enfin à remporter Roland-Garros en 1951, un premier titre que méritait cent fois son immense talent.
Drobny avait toutes les qualités pour devenir un champion complet: un premier service puissant et régulier, une deuxième balle très travaillée, un merveilleux jeu d'attaque, un smash qui était probablement son meilleur coup, et un toucher de balle qui lui permettait de s'exprimer surtout sur terre battue en trouvant des angles incroyables et en réussissant des amorties de n'importe quel coin du court... Mais son point faible était le retour de service, ce qui le handicapait sur herbe: Il ne perdait pas souvent son service, mais il ne gagnait pas souvent le service adverse... De plus, à la suite d'une blessure à l'œil au cours d'un match de hockey, il était obligé de jouer avec des lunettes à verres fumées, ce qui le gênait quand les matchs se prolongeaient un peu en soirée. 

9 partout au cinquième set... Drobny épuisé
s'appuie sur sa raquette. La nuit tombe et 
ce n'est pas encore fini... Wimbledon, 1953.
  Parmi ses grands matchs marathon, on peut citer ses finales perdues au cinquième set contre Marcel Bernard à Paris (46), Schroeder à Wimbledon (49) et Patty à Paris (50). Pendant la finale interzone de coupe Davis en 47, il sauva une balle de match contre l'australien Quist (pourtant âgé de 35 ans) avant de l'emporter 6-8 3-6 18-16 6-3 7-5! Mais sa victoire la plus difficile, c'est contre Budge Patty qu'il la remporta en 53 à Wimbledon après 93 jeux et 6 balles de match sauvées: 8-6 16-18 3-6 8-6 12-10. Ce n'était qu'en 8ème de finale et Drobny, épuisé, ne put que se traîner jusqu'en demi-finale... Ses matchs contre Patty étaient souvent très disputés et l'un d'eux -fait unique dans l'histoire du tennis- se termina par un match nul!  A Lyon en 1956, les deux champions se séparèrent à 21 partout au cinquième set alors qu'il était déjà très tard...
Il connut la consécration en 1954 à l'âge de 32 ans. C'était sa 11ème participation à Wimbledon, il était classé tête de série N° 11. Pour une fois, il ne joua aucun double. Il réussit à battre coup sur coup Lewis Hoad, Budge Patty (pour une fois en quatre sets) avant de venir à bout de Rosewall en finale. Le "petit maître de Sydney", alors âgé de 19 ans, eut le tord de vouloir jusqu'au bout essayer de lober celui qui avait le meilleur smash de l'époque. Deux longs sets gagnés 13/11 et 9/7 permirent alors à "Drob" de remporter enfin ce titre tant convoité...

Rosewall, Drobny et la duchesse de Kent
 

Drobny, Rosewall: finale de Wimbledon, 1954
1954 fut sa dernière grande année.  Drobny continuera à jouer jusqu'en 1960 avec  des fortunes diverses. En 1958, il réussit sa dernière grande performance au troisième tour de Wimbledon en battant en trois sets le jeune Rod Laver alors âgé de 20 ans. En 1959, il devient l'entraîneur de l'équipe italienne de coupe Davis qu'il emmènera deux fois en finale de l'épreuve en 1960 et 61.


Drobny à Wimbledon pour la commémoration
du millenium, juillet 2000. Ce fut sa dernière
apparition à Wimbledon.

 

Sirola et Pietrangeli avec
Drobny, coach de l'équipe d'Italie
1960.
Voici son palmarès en grand chelem : 3 simples messieurs, 1 double messieurs et 1 doubles mixte.

Image cadeau de 1954, cigarettes
Blueband, Pays-Bas.

 
Roland-Garros Simple Messieurs 1951-52
Double Messieurs 1948   L.Bergelin (Sue)
Double Mixte 1948   P.Todd (USA)
 Wimbledon Simple Messieurs 1954
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Dernière mise à jour : 24 Mai 2000
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Mars 2000.