Les héros du grand chelem
Jacques Brugnon
dit "Toto"
Personne ne se souvient bien d'où vient son surnom,  mais peu importe. Le biographe officiel des Mousquetaires a au moins l'immense mérite d'avoir été un co-équipier exemplaire, partenaire de double indispensable de Cochet, puis de Borotra, et toujours prêt à s'effacer devant un de ses illustres camarades si l'intérêt de l'équipe l'exigeait.

Classé en première série à l'âge de 26 ans, en 1919, Brugnon n'est alors qu'un honnête joueur de simple, quand il est remarqué par Charles Lenglen, qui cherchait un partenaire de mixte pour sa fille.  Suzanne  est à l'époque déjà au sommet et Brugnon se révèle l'équipier modèle. Ils remportent ensemble les championnats de France de 1921 à 1923, puis en 25 et 26, quand le tournoi devient international.

Après une première sélection en équipe de France en 1921 contre les Hindous, il devient un habitué de l'équipe de France et participe à toutes les campagnes de 1922 à 1927 qui le conduisent à la victoire en coupe Davis en 1927.

Barré en simple par ses camarades Lacoste, Cochet et Borotra, il commence à former dès 1923 une remarquable paire de double avec Cochet, avec qui il joue trois finales consécutives à Wimbledon de 1926 à 28, dont deux victoires. Il joue aussi  avec Borotra, avec qui il obtiendra également de bons résultats, mais curieusement jamais avec Lacoste. Jusqu'en 1927, Lacoste-Borotra et Cochet-Brugnon sont les paires types dans les tournois du grand chelem. 

En septembre 1927, à la suite de la victoire en coupe Davis, il part pour 7 mois avec Borotra et le jeune espoir Christian Boussus, pour une longue tournée en Asie. Cela le mène tout droit aux Championnats d'Australie en Janvier 1928, qu'il gagne bien évidemment avec Borotra en double. Le championnat d'Australie n'a pas à l'époque l'importance qu'il aura dans les année 30 et cette visite des Français est bien la première de visiteurs étrangers depuis celle des Anglais pour la coupe Davis en.1912, puis en 1919!

A leur retour, la Fédération Française essaie de préparer l'avenir en imposant deux jeunes espoirs, Christian Boussus et René de Buzelet, à Lacoste (24 ans) et Cochet (27 ans). Les anciens, Borotra (30 ans)-Brugnon (33 ans) mettent tout le monde d'accord en remportant les premiers internationaux de France de double à Roland-Garros. L'expérience ne sera pas renouvelée... 


Brugnon et Borotra à Wimbledon.

Brugnon continue sa carrière de double jusqu'en 1939, faisant preuve d'une remarquable longévité. Il joue avec Borotra à partir de 1932 et gagne deux fois Wimbledon en 32-33. Il est encore, avec ce même Borotra, finaliste de Roland-Garros en 1939, à l'âge de 44 ans, ne s'inclinant que 10/8 au cinquième set contre les Américains Harris-McNeil.


Brugnon en action
Assez curieusement pour un grand joueur de double, Brugnon ne savait pas smasher ! Mais son association avec les grands volleyeurs et smasheurs qu'étaient Borotra et Cochet, faisait merveille. Brugnon préparait les points, ses partenaires finissaient. Il avait un excellent service, toujours bien placé au centre, plein d'effets, et qui mettait en difficulté les meilleurs relanceurs, permettant à son partenaire au filet de conclure presque à coup sûr. Son coup droit, toujours bien masqué, surprenait tout le monde, ses lobs ne pardonnaient pas et il manquait rarement une volée. Bref, on pouvait compter sur lui !

Sa faiblesse en smash lui coûta d'ailleurs sa sélection dans le challenge round de 1928. Tilden, en fin psychologue, n'avait pas manqué de le saluer à son arrivée à Paris par une phrase très remarquée "Hello Toto, how is your smash?". Pour qui connaissait Tilden, qui analysait mieux que quiconque les faiblesses de ses adversaires, c'était inquiétant! On se souvenait dans le camp français que les américains avaient gagné le double l'année précédente justement en s'acharnant sur Brugnon, en le lobant. Les dirigeants français s'interrogèrent longuement avant de lui préférer Cochet à la dernière minute...

1928 est sa grande année : il gagne successivement en Australie (avec Borotra), Roland-Garros (toujours avec Borotra) et Wimbledon (avec Cochet).  Mais il n'y a plus de coupe Davis à conquérir cette année là et Brugnon ne fait pas le déplacement en Amérique, ratant peut-être ce qui aurait pu être le premier grand chelem de double de l'histoire...

Le championnat d'Amérique est le seul titre de double messieurs qui lui manque. Il ne le disputa qu'une fois en 1927. En effet, à l'époque, les doubles et les simples étaient deux championnats séparés. Les doubles avaient lieu en Août à Boston. Pour une fois arrivée en avance, l'équipe de France pu participer avec deux équipes: Cochet-Brugnon et Borotra-Lacoste. Mais fraîchement débarqués du bateau après le voyage et gênés par le mauvais temps qui ne leur avait pas permis de s'entraîner, les français furent rapidement battus.

Voici son palmarès en grand chelem : 10 doubles messieurs et 2 doubles mixte.
 
Wimbledon Double Messieurs 1926   H.Cochet
1928   H.Cochet
1932   J.Borotra
1933   J.Borotra
Internationaux de France Double Messieurs 1927   H.Cochet
1928   J.Borotra
1930   H.Cochet
1932   H.Cochet
1934   J.Borotra
Double Mixte 1925   S.Lenglen
1926   S.Lenglen
Championnats Australie Double Messieurs 1928   J.Borotra
Coupe Davis 1927-1930-1931-1932
Jeux Olympiques Double Messieurs 1924 Paris : Médaille d'argent avec Cochet.

En plus de tous ces titres, il convient de mentionner que Brugnon a gagné quatre championnats de France de double quand ce championnat n'était pas encore international : 1921-22-23 en mixte avec Suzanne Lenglen et 1922 en double avec Dupont.

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Dernière mise à jour : 24 Mai 2000
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Mars 2000.