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La revanche de Pancho Gonzales
Fin 1953, c'est un Pancho Gonzales au chômage qui se retouve dans le bureau du tout nouveau manager de l'équipe professionnelle Jack Kramer. Après son année sabatique en 1951, Pancho Gonzales n'avait réussi qu'une chose : se faire oublier... Riggs le considérait comme fini. Début 53, Jack Harris l'avait engagé, titre de champion du monde professionel à la clé, mais sans Riggs ni Kramer. Pancho s'était contenté de battre un Budge vieilissant pour un titre sans grande valeur... Or Kramer cherchait un remplaçant pour la tournée australienne qui se préparait avec Pancho Ségura, Franck Sedgman et Ken McGragor. Pour Pancho, désoeuvré et désargenté, c'était l'occasion de se refaire une réputaion. Il ne discuta pas le salaire ridicule que lui proposait Kramer, trop heureux de prouver enfin sa véritable valeur. |
Tournée Australienne, hiver 1954 Sedgman, Kramer, McGregor et Segura. Gonzales n'a pas encore remplacé Kramer sur l'affiche. |
La tournée australienne fut triomphale, une des plus réussie de toute l'histoire du tennis professionnel. Le public se précipita en masse pour admirer ses champions. Sedgman et McGregor étaient au sommet de leur popularité après avoir donné à leur pays trois coupes Davis consécutives. C'est devant ce merveilleux public que Pancho va être sacré champion du monde: il bat Sedgman 16 victoires à 9 et le pauvre Mc Gregor 15 à 0. Pancho avait parfaitement assimilé les principes du jeu de Kramer. Avec un formidable service, une remarquable présence au filet, une combativité de tous les instants, il s'affirma vite comme le successeur incontesté de celui qui était devenu son patron. Curieusement, sa supériorité se retourna contre lui, et le public commençait à se désintéresser de ses matchs gagnés d'avance et qui tournaient souvent à la démonstration. Une nouvelle tournée aux antipodes pour une série de matchs avec Dinny Pails -le champion d'Australie 1947- tourna au désastre : un score sans appel de 47 victoires contre 7 et des tribunes à peu près vides. Kramer fut obligé d'arrêter les frais, et Gonzales se retrouva une fois de plus au chômage, cette fois parce qu'il était trop fort! Le patron lui signifia qu'il ne pourrait pas lui proposer un nouveau contrat tant qu'il n'aurait pas fait signer les vedettes amateurs qu'étaient alors Trabert, Hoad et Rosewall. |
Les cinq années suivantes, Pancho réussit à se maintenir au sommet, et ce quelque soit l'adversaire que lui opposait son patron. En 1957, Rosewall ne put arracher que 26 victoires sur 76 matchs, au cours d'une tournée triomphale en Australie et aux Etats-Unis. L'année suivante, c'est Hoad qui subit le même sort sur le score de 51 à 36. A partir de ce moment là, Pancho Gonzales devint une véritable bête de scène adoré du public, remettant tous les ans avec succès son titre en jeu. Il resta pratiquement invaincu aussi longtemps que durèrent les duels en tête à tête, battu seulement une fois par Hoad de justesse sur le score de 15/13! Un telle domination laisse rêveur, surtout sur de joueurs de la classe des whiz kids australiens qui incontestablement étaient d'authetiques grand champions. |
A partir de 1961, à 32 ans passés, Pancho comença à perdre un peu de sa motivation. De plus en plus nombreux, les joueurs professionnels organisaient maintenant de veritables tournois, et les duels disparurent. Dans ce nouveau contexte, ce sont les australiens Rosewall puis Laver qui assurèrent la succession. Mais Pancho allait rester encore pendant 10 ans un de leur plus dangereux adversaire. |
Épisode suivant : 1961: La longue route de Rod Laver vers son premier grand chelem |
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Dernière mise à jour : 10
avril 2010
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Avril 2010.
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