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Tennis de France fev 73
"Newcombe à l'assaut du grand chelem"
(55) 1973
Newcombe rêve de chelem
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Dans le calendrier tennistique qui se met difficilement en place depuis le début de l’open, les internationaux d’Australie ont bien du mal à trouver leur place. Repoussés en tout début d’année par la campagne nord-américaine de la WCT, l’édition 1973 a lieu comme l’année précédente autour du premier janvier : pas de quoi attirer les foules. Les deux favoris sont encore Newcombe et Rosewall et aucun autre joueur pro n’est présent. A noter pour la deuxième année consécutive la présence d’une forte délégation française emmenée par son nouvel espoir Patrick Proisy. Finaliste surprise à Roland-Garros, le français venait se familiariser avec les subtilités du tennis sur herbe et confirmer ses bons résultats de l’année précédente.
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Rosewall sans timing, surpris dès le premier tour par l’allemand Meiler, la voie est libre pour Newcombe qui gagne le tournoi sans aucune émotion. Jusqu’en finale, tous ses matchs ont un goût français très prononcé : Jean-Louis Haillet, Patrice Dominguez, Bob Carmichael (australien mais licencié au State Français), et enfin Patrick Proisy n’arrivent pas à lui prendre un seul set. En finale, le néo-zélandais Parun lui prend un set mais sans vraiment l’inquiéter. Pour la première fois, à 29 ans, John Newcombe est prophète en son pays, ce qui n’est que justice. Associé au vétéran Anderson (38 ans), il remporte également le double sans difficultés.

Fort de ce double succès, Newcombe se sent pousser des ailes : il déclare vouloir tenter le grand chelem et annonce son retour à Roland-Garros. Il a certainement les moyens de cette grande ambition. Lors de son dernier passage sur la terre battue de la Porte d’Auteuil en 1969, il n’avait pas démérité : quart de finaliste en simple contre Okker après avoir battu Ian Kodes (11/9 au cinquième!) et vainqueur du double avec Tony Roche.

Cette année là, après trois années sans les professionnels sous contrat, Roland-Garros, retrouve le sourire. Pour la première fois de puis depuis 1969, tous les meilleurs professionnels en activité sont présents. Seuls manquent à l’appel quelques vieilles gloires australiennes proches de la retraite comme Laver, Rosewall, Emerson, et Stolle, peu enthousiastes à l’idée se venir user leurs veilles jambes sur la terre battue parisienne.

Grande innovation, les deux premiers tours se jouent en deux sets gagnants. Cette nouveauté ne fait pas l’affaire de tout le monde, et d’abord de Newcombe, tête de série N°6, qui se fait cueillir à froid par le vétéran tchèque Holecek. Le score est sévère (7-5 6-1) et Newcombe quitte le tournoi par la petite porte. Autre victime de ce premier tour raccourci, Patrick Proisy. Le finaliste de l’an passé disparaît prématurément contre Gorman 6-7 6-3 6-1. C'est une grosse déception côté français et Proisy ne se prive pas de critiquer vertement ce nouveau règlement indigne d’un tournoi du Grand Chelem. Il a tord : Tom Gorman n'est pas le premier venu et il aurait mérité d'être tête de série. Pilier de l'équipe de coupe Davis américaine, accrocheur et teigneux, Gorman atteindra les demi-finales.  Autre surprise, Cliff Richey tête de série N°7, éliminé d’entrée (6-2 6-3) par le vainqueur du tournoi junior de l’année précédente, un certain Bjon Borg tout juste âgé de 17 ans ! Le suédois se fait remarquer en passant trois tours avant de chuter sur la révélation italienne du tournoi Adriano Panatta. Surprise également avec Jimmy Connors, tête de série N°12, battu en deux sets par un jeune mexicain qui fera reparler de lui, Raul Ramirez.

 
Patrick Proisy, N°1 français en 1973.


Connors Nastase: une joyeuse équipe
qui pousse Newcombe-Okker au 
cinquième set.

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Nastase, Roland-Garros 1973
 
Newcombe éliminé, les espoirs de chelem s’envolent. Mais l’australien ne semble pas trop déçu : beau joueur, il profite quand même de sa quinzaine parisienne pour faire parler de lui. Associé en double avec le hollandais volant Tom Okker, les deux hommes remportent brillamment le double, battant en finale une paire explosive Connors-Nastase en 5 sets. Newcombe peut légitimement garder l’espoir d’un grand chelem en double.
Mais pendant que Nastase survole le simple qu’il remporte sans perdre un set, l’orage gronde dans le tennis professionnel. La suspension de Pilic provoque une crise sans précédent entre l’ATP et la fédération internationale. Dans la semaine qui suit Roland-Garros, le boycott de Wimbledon est voté par le bureau exécutif de l'ATP.
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Pour Newcombe, le coup est rude, et triplement même. En effet, pour la deuxième année consécutive, il ne peut aller défendre son titre de Wimbledon. De plus, si le grand chelem n’est plus envisageable, un petit chelem restait encore réalisable et tout à fait à sa portée. Enfin, le grand chelem en double était plutôt bien parti, et là encore, c’est une belle occasion de rentrer dans l’histoire du tennis qui s’en va.
La fin de saison confirme la grande forme de l’australien. A Forest Hills en septembre, il montre qu'il est bien le plus fort sur herbe. Connors et Rosewall ne pèsent pas bien lourd sur la route de la finale qu'il atteint sans émotions. De l'autre côté du tableau, c'est le tchèque Kodès qui fait le ménage, cherchant à n'en pas douter à confirmer son succès plus que douteux de Wimbledon. Sa demi-finale contre Stan Smith fut dramatique: après avoir remporté facilement le premier set 6-1, le tchèque est poussé au tie-break dans le deuxième. C'est toujours un jeu décisif en 9 points sans avantage qui est pratiqué à l'US open, et Stan Smith qui sert le premier se retrouve à 4 partout avec la balle de set sur son service. L'américain set un boulet de canon que tout le monde voit dehors - le public et Kodes - sauf l'arbitre qui donne le point et le set à Smith. Le tchèque furieux pique une colère noire, se déconcentre et donne le set suivant. Il revient superbement dans la partie au quatrième et les deux joueurs se retrouvent à 5-5 au cinquième dans la nuit tombante. Tout le monde pense alors à l'horrible tie-break mais Kodès ne prend pas ce risque. Dans le dernier jeu, il court comme un lapin, s'accroche sur toutes les balles et porte l'estocade à un Stan Smith fatigué et gêné par la pénombre. Voilà le tchèque en finale, prêt à confirmer son discutable succès de Wimbledon.

Newcombe en 73
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Kodes à Forest Hills, 1973
Le vainqueur de Wimbledon 70 et 71 contre l'usurpateur de 73. C'est une belle affiche qui sent le règlement de compte. Mais Newcombe reste le maître incontesté sur sa surface de prédilection. Poussé dans ses retranchements par un Kodès déchaîné, dominé au deuxième et troisième set, Newcombe saura profiter de son grand coup droit, de son service volée, et surtout de son extraordinaire faculté à se surpasser dans les cinquièmes sets difficiles. 
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Sa victoire en simple est complétée, comme on pouvait s'y attendre par le titre en double qu'il joue cette fois avec son compatriote Owen Davidson. Mais cette finale de double mérite une mention spéciale, car ils affrontent en finale une association de deux joueurs mythiques : Laver-Rosewall. Réunis pour la première fois en grand chelem, les deux légendes du tennis australien passent bien près d’une victoire. Et plus qu’un titre de double à Forest Hills, c’est une place dans l’équipe de coupe Davis australienne qui se joue au cours de cette finale. Rosewall, 20 ans après sa première victoire espère avoir conquis sa place de titulaire en double pour les phases finales de la Coupe Davis

Newcombe brandit la coupe
Forest Hills 1973

L'affiche de la finale. Contrairement
à ce qu'elle laisse penser, la rencontre
a lieu en salle.
La fin de saison sera plus somptueuse encore pour Newcombe. En le sélectionnant avec Laver, Neale Fraser le capitaine Australien repart à la conquête du saladier d’argent comme aux plus baux jours des deux décennies précédentes, avec un parfum de nostalgie qui rappelait les grandes heures de l’époque d’Harry Hopman. A Sydney mi novembre, l’Australie ne fait qu’une bouchée de la Tchécoslovaquie devant un publique enthousiaste. Rosewall à 39 ans atteint ainsi un des sommets de sa carrière. Il joue et gagne le double associé à Laver. Il a son billet pour la finale.
Dans l’autre demi-finale, les USA retrouvent les roumains, privés de Tiriac. Le match n’a pas l’intensité de la finale de l’année précédente et Nastase trop seul ne remporte qu’un seul match. Smith, Gorman et Van Dillen sont prêts pour apporter à leur pays un sixième succès consécutif dans l’épreuve. 
La grande finale fin novembre contre l’éternelle rivale américaine est un moment de légende. On crut alors que la vieille coupe Davis était sauvée, que la participation des meilleurs professionnels allait enfin lui redonner tout le lustre de sa gloire passée, que les USA et l’Australie allaient de nouveau se livrer des duels au sommet passionnants comme dans les années 50… Il, est vrai que cette finale avait de quoi faire rêver. L’Australie alignait Newcombe (vainqueur en 65, 66 et 67), Laver (Vainqueur en 59, 60, 61 et 62), Rosewall (vainqueur en 53, 55 et 56), Anderson (Vainqueur en 57). Le capitaine Neale Fraser n’a rien à envier à ses joueurs, il a remporté l’épreuve en 1959, 60 et 61.
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Pour la première fois de l’histoire de la coupe Davis, on joue en salle, au Public Auditorium de Cleveland, ce 30 novembre 1973, devant plus de 10.000 spectateurs. Les deux premiers matchs vont jusqu’au cinquième set mais tournent tous les deux à l’avantage des australiens. Contre Newcombe, Smith se bat comme un lion, mais craque sur son service à 5-4 dans la dernière manche. Devant les coups de boutoir de l’australien, Smith faiblit, doute et termine sur une double faute ! C’est sa première défaite en finale de coupe Davis en 6 ans, et pour l’américain, c’est le début de la descente aux enfers. Mené deux sets à un contre Gorman, Laver garde suffisamment de punch malgré ses 35 ans pour survoler les deux derniers sets 6-3 6-1. Le double est une grosse déception pour Rosewall: Fraser ne prend pas de risques et envoie ses deux vedettes Newcombe et Laver remporter facilement le troisième point décisif. Après 6 ans d'absence, la coupe Davis reprend le chemin de l'Australie et nul ne doute alors qu'avec Newcombe comme défenseur, elle y est pour quelques années...
Vainqueur de 5 titres en grand chelem et de la coupe Davis, Newcombe est candidat à la place de N°1 mondial. Mais il a encore un rival de taille, Nastase vainqueur de Roland-Garros et de 15 autres tournois dans la saison. Les deux joueurs se retrouvent au Masters début décembre mais l’explication finale n’aura pas lieu. Newcombe en demi-finale a match gagné contre Okker (il mène 5-3 au troisième set) quand il se blesse et doit abandonner. Nastase sans rivaux gagne son troisième Masters et consolide sa place de N°1 au classement ATP nouvellement créé. 
 

Newcombe et Laver
après leur victoire en double.

La dream team australienne
Newcombe, Anderson, Fraser(cap.), 
Laver et Rosewall.
Quant à la coupe Davis, cette superbe finale est son chant du cygne et c'est bien triste. L'année suivante sera un étonnant naufrage dont elle eut bien du mal à se remettre par la suite. Les premiers tours c'est bien connu n'intéressent pas les vedettes et pour la première rencontre contre la Colombie, Smith, Ashe et Connors déclinent leur sélection. Du coup le capitaine Ralston aligne les remplaçants (Van Dillen Salomon et Passarell) éliminés sans gloire par une équipe colombienne déchaînée à Bogotta, à 2600 m d'altitude. Même scénario catastrophe côté australien où Neale Fraser privé de ses vedettes aligne Alexander, Giltinan et Dibley conte l'Inde. C'est encore une triste défaite, même si les 5 matchs ont été disputés avec une rare intensité. Voilà la coupe Davis privée d'entrée de ses deux meilleures équipes. 
Pire, la politique fait en 1974 une entrée fracassante dans le tennis et la finale se termine en eau de boudin. L'Afrique du Sud boycottée pour la première fois pour cause d'Apartheid gagne l'épreuve sans jouer, le gouvernement indien ayant interdit à ses joueurs de disputer le match. Quelle que soit la légitimité de la raison profonde de ce boycott, l'intervention directe des gouvernements dans les rencontres ne pouvait qu'hypothéquer dangereusement l'avenir de l'épreuve. D’autres menaces s’annonçaient contre l’équipe chilienne, représentée en politique par le général Pinochet de sinistre mémoire. Dans ce contexte politique de plus en plus agité, une épreuve par équipe avait-elle encore un avenir ?
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Dernière mise à jour : 10 avril 2010
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Avril 2010. .